La treille
La métairie ouvre sa porte Aux premiers rayons du matin, Et voici la fermière accorte Qui paraît au seuil et qui porte Dans ses bras un charmant lutin.
Bel enfant que l'aube réveille, Il rit: les yeux levés en l'air, Il voit sur sa tête vermeille Pendre les raisins de la treille Que le jour frappe d'un éclair.
"Mère, dit-il, la grappe est mûre! Hier elle était verte encor; Mère, aujourd'hui soyez-en sûre, Regardez bien sous la ramure Ce beau fruit noir, ce beau fruit d'or."
Et sa mère en ses bras le dresse Les pieds posés contre son sein, Et l'heureux marmot qui s'empresse Atteint déjà la branche épaisse, Déjà saisit le blond raisin.
Il tire à lui grappe et feuillage, Et mille oiseaux, qui pour la nuit S'étaient blottis dans le treillage, Partent soudain comme un nuage, Battant des ailes avec bruit.
Et ce réveil et cette enfance, Et ces fruits mûrs à la saison, C'est le plaisir, c'est l'espérance... Et c'est ainsi qu'un jour commence Autour d'une pauvre maison.
J. AUTRAN
Extrait du Cours supérieur "Pour nos filles" 1895 Merci d'être venu vous promener dans les allées de mon jardin , pour m'écrire c'est...ici 00041398 le 31 août 2012 - Graphisme/mise en page © Au jardin de Valentine |