Travaillons
Mes enfants, il faut qu'on travaille,
Il faut tous, dans le droit chemin,
Faire un métier, vaille que vaille,
Ou de l'esprit ou de la main.
Voyez cet oiseau qui voltige
Vers ces brebis, sur ces buissons...
N'a-t-il rien qu'un joyeux vertige ?
Ne songe-t-il qu'à ses chansons?
II songe aux petits qui vont naître,
Et leur prépare un nid bien doux;
11 travaille, il souffre peut-être,
Comme un père l'a fait pour vous.
Ce bon cheval qui vous ramène
Sur les sentiers grimpants des bois,
Croyez-vous qu'il n'ait point de peine
A vous porter quatre à la fois?
Et pourtant c'est comme une fête,
Lorsqu'il vous sent tous sur son dos
Les autres jours, la pauvre bête
Traîne de bien plus lourds fardeaux.
Entendez crier la charrue
Tout près de vous, là, dans ce champ;
Voici l'attelage qui sue
Et qui fume au soleil couchant.
Ils y vont de toutes leurs forces,
Et de la tête et du poitrail,
Ces deux grands boeufs aux jambes torses...
Certes, c'est là du bon travail!
Mais qui bourdonne à mes oreilles?
Regardez bien : vous pourrez voir
Nos chères petites abeilles
Qui butinent dans le blé noir.
C'est pour vous que ces ouvrières
Travaillent de tous les côtés;
Sur les jasmins, sur les bruyères,
Elles vont cueillir vos goûters.
Il n'est point de peine perdue
Et point d'inutile devoir;
La récompense nous est due,
Si nous savons bien la vouloir.
Laprade